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Relancer les dés

Je suis une joueuse. J’ai ça en moi depuis toute petite. Je me souviens de mes bouderies lorsque je jouais au Monopoly avec mes parents parce que je n’avais pas réussi à acheter la rue de la Paix avant les autres joueurs. Il m’arrive encore de faire la tête quand la défaite est cinglante ou que je juge l’épilogue du jeu injuste. Je ne sais pas bien ce qui se joue là pour moi. Une certaine image de moi-même ? Un esprit de compétition chevillé au corps ? Je sais juste que c’est intense et que, par moment, cela peut même me gâcher le plaisir de jouer. De fait, les vrais joueurs se reconnaissent à leur envie de gagner, qui se transforme parfois en rage de vaincre. Ceux qui s’en fichent sont à ranger dans une autre catégorie. Du reste, lorsque j’anime des parties de Unda ou de Héroïnes, je les reconnais tout de suite, celles et ceux pour qui gagner est un réel enjeu. Ils captent les règles plus rapidement que les autres et s’investissent sans compter dans la partie. Ces gens-là n’aiment pas perdre. Moi non plus. Je n’en suis pas fière. Mais, ce trait de caractère a aussi ses avantages. Si je me suis fixé un but, j’abandonne rarement. Et je relance les dés tant que l’espoir de l’atteindre est vivace. Quand je vais à un rendez-vous pour faire la promotion de Unda et Héroïnes, je le vis comme un jeu à l’issue incertaine. Et c’est justement cela qui est amusant. Ne pas savoir si l’on va convaincre, vendre, repartir avec ce qu’on était venu chercher… 

Il y a quelques années, j’ai commencé à écrire des polars. Dès le début, il était évident que je les proposerai à des maisons d’édition, par vanité sans doute, par envie aussi de partager cette part d’intime que je mets dans mes livres. La série compte aujourd’hui trois opus et aucun n’a été véritablement publié (le premier est disponible en e-book sur Amazon). Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais pour l’instant, ça ne passe pas. Encouragée par mes proches, je n’ai jamais totalement baissé les bras, même si la énième lettre de refus peut susciter un découragement passager. Reste, je veux aller au bout de cette aventure et le bout a la forme d’un livre. J’ai même entamé la rédaction du quatrième lors du confinement et à chaque fois le plaisir si particulier de donner vie à des personnages et de les faire évoluer est intact. Le plaisir, c’est le mot, et, la plupart du temps, il s’accouple bien avec jouer. Celui-là aussi sera envoyé aux maisons d’édition. Pour les autres, je ne savais pas comment repartir à la chasse aux éditeurs. Et puis, la vie a remis sur ma route une personne qui a peut-être la solution. L’espoir renaît. Est-ce que je vais enfin atteindre mon objectif ? Nul ne le sait. Et c’est aussi ce qui rend cette nouvelle partie de l’aventure excitante. Car « un coup de dés jamais n’abolira le hasard ».