De l’art du crowdfunding !

La première fois que j’entends parler de crowdfunding, je suis en pleine réflexion sur le montage financier d’un site web, inspiré d’un de mes livres, Banlieues Créatives. Nous sommes fin 2012 et les premières plateformes françaises dédiées « au financement par la foule » ne sont pas encore très connues. Peu de temps après, je croise la route d’Adrien Aumont, un des fondateurs de Kiss Kiss Bank Bank, le leader du marché, qui m’explique entre autres comment se déroule une campagne, le cercle 1, celui des proches, qui est le plus prompt à donner, puis vient le cercle 2 (les contacts de nos contacts) puis, dans le meilleur des cas, le cercle 3, le grand public.

Dès février 2013, je lance avec l’association Permis de vivre la ville ma première campagne pour aider à l’ouverture du site Banlieues Créatives. Trois mois plus tard, c’est une réussite : grâce à 160 contributeurs, nous avons levé plus de 10 000 euros. Je me souviens avoir adoré mener à bien cette collecte, découvrant l’art de la relance, le bon usage des réseaux sociaux, etc. Il faut dire que nous avions mis des mois à préparer notre page, à penser les contreparties, à organiser des interviews de nos soutiens et parrains, à réaliser une vidéo expliquant notre démarche. Ce fut un travail colossal, qui a porté ses fruits, aidé par l’engouement pour ce nouveau type de solidarité. Aidé aussi par une bonne couverture médiatique (Le Monde, France Inter…). Le cercle 2 et 3 ont alors répondu à l’appel.

Au final, je me souviens quand même avoir été étonnée par le manque d’intérêt de nombreux donateurs pour Banlieues Créatives quand le site a vu le jour en novembre 2013. Comme s’ils avaient été plus intéressés par l’idée de rendre possible son ouverture que par la plateforme en elle-même. Reste, ce soutien massif nous avait encouragé à mener à bien cette aventure, signe que notre démarche avait son utilité et comblait un manque, et nous avait aidé à convaincre des financeurs de sa pertinence. Une campagne réussie, c’est aussi un plébiscite. 

Quatre ans plus tard, j’ai à nouveau mené une collecte de fonds sur Kiss Kiss Bank Bank (avec Gaëlle, mon associée) pour un projet tout autre : le lancement de Unda, le premier jeu sur les cultures urbaines. Paradoxalement, l’objectif de 6000 euros fut plus compliqué à atteindre que le précédent, pourtant plus élevé. Dans ce cas de figure, les contreparties étaient principalement axées sur le pré-achat du jeu. Et seuls les cercles 1 et 2 ont adhéré à la démarche. Certains se plaignant quand même d’être sur-sollicités. En quatre ans, les sites de ce type se sont démultipliés ; il n’y a plus l’effet de surprise ni l’attrait pour la nouveauté. Reste, le crowdfunding s’est imposé en France comme une source de financement efficace pour mener à bien des projets. Preuve en est : grâce à cette campagne, nous avons pu réunir la trésorerie nécessaire au paiement de la première tranche du devis du fabriquant. Sans collecte, pas de jeu !

Démarche similaire aujourd’hui avec la campagne que nous menons pour lancer notre deuxième jeu, Héroïnes. Nous avons fait des demandes de soutien auprès de sponsors, sans succès à ce jour, nous « obligeant » à réitérer la démarche et à solliciter nos proches une nouvelle fois. Mais vu le thème développé dans ce jeu consacré exclusivement aux femmes, nous avons rapidement pris contact avec des associations et des médias spécialisés une fois la campagne lancée. Les quelques retours que nous avons eus nous donnent bon espoir pour la suite. Comme pour Banlieues Créatives en son temps, le crowdfunding devient alors une magnifique rampe de lancement, le site Kiss Kiss Bank Bank donnant par ailleurs une grande visibilité au projet.

Même si la troisième collecte n’est pas terminée (restent trois semaines), je conclurai par un bilan très positif de mes campagnes sur Kiss Kiss Bank Bank. Certes, cela génère des sueurs froides quand les dons se font plus rares et que l’enjeu est de taille : la concrétisation (ou non) d’un projet qui tient à cœur. Mais, à chaque fois, il y a aussi eu des magnifiques surprises. L’occasion pour moi de saluer les 288 (chiffre non définitif) contributeurs à l’une ou l’autre de ces campagnes. Qu’ils en soient une nouvelle fois remerciés !

Collecte jeu Héroïnes : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/heroines–2

Collecte jeu Unda : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/unda-le-premier-jeu-de-societe-sur-les-cultures-urbaines

Site Banlieues Créatives : https://banlieues-creatives.org