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Retour sur investissement

Il y a quelques semaines, j’étais en reportage dans un centre social non loin de Dijon. Le directeur de l’association vient me chercher à la gare et nous faisons connaissance durant le trajet. En général, j’en profite pour glisser que je suis l’auteure du livre « Agir près de chez soi », paru en 2017 aux Editions de l’Atelier, qui relate comment certains centres sociaux s’attachent à développer le pouvoir d’agir de leurs adhérents et bénéficiaires via des outils aussi différents qu’un journal, un jardin partagé, un centre de santé, etc. Ma façon à moi de dire que je connais le réseau. En général, l’information ne fait pas mouche. Mais là, Jérôme s’enthousiasme et me confie qu’il a lu le livre, l’a fait lire à toute son équipe, à sa femme et que l’ouvrage a même un surnom : « ici, on l’appelle la bible », me dit-il. Et il détaille à quel point le livre fut une source d’inspiration pour lui. 

Cette anecdote m’a remémoré d’autres commentaires que je garde précieusement dans un coin de ma tête, tels que « C’est un beau livre [Banlieues Créatives], qui donne du sens à nos actions », prononcé par la directrice d’une association œuvrant dans les quartiers. Ou « C’est un petit bijou, ce livre [Le plein emploi, une utopie réaliste] », dit par un ancien haut-fonctionnaire.

Ecrire un livre, c’est jeter une bouteille à la mer. A quoi va-t-il servir ? Telle est la question qui taraude parfois les auteurs. Quelle chance alors de bénéficier de ce type de retours car quand les mots touchent au but, tout fait sens. Le chemin commencé par des lignes de textes rejoint d’autres chemins pouvant prendre la forme d’une pensée, d’une envie, d’une action, d’un horizon qui s’ouvre. Et cette rencontre n’a pas de prix.

C’est également vrai pour la fiction, même si mon expérience dans ce domaine est moindre. Mais, le jour où deux lectrices de mes polars – non édités à ce jour sauf sur Amazon, mais lus par des proches – m’ont dit que certains de mes propos sur la vie, les sentiments, les rapports humains… les avaient éclairées et avaient nourri leurs propres réflexions, je me suis sentie comblée. 

Je ne suis pas un auteure à succès, vivant de ma plume, même si l’écriture de livres d’enquête journalistique constitue une part de mes activités. Mais ces paroles distillées ici et là tout au long de ma carrière et au gré de mes publications, ont à elles seules justifié mes choix.