Gauz et son message
Mardi 9 avril à 16h30, des élèves de seconde du lycée Feyder d’Epinay prennent place devant l’écrivain ivoirien Gauz, venu débattre avec eux de son dernier livre, Camarade Papa (Le Nouvel Attila, 2018). Avec leur prof de français, ils ont bien préparé la séance, lu des extraits, parlé « colonisation », « écriture », etc. La médiathèque m’a associé à l’événement pour que j’accompagne les élèves dans une production journalistique : interview de l’auteur, reportage sur la rencontre et port-folio. Le jour J, chacun sait ce qu’il a à faire. Outre les journalistes et les photographes en herbe, cinq élèves ont été volontaires pour jouer le rôle de modérateur. Gauz écoute la première question – « comment avez-vous commencé à écrire. Depuis quand ? – et digresse. Il tient à dire que c’était important pour lui de venir, car il a connu Epinay il y a longtemps, des membres de sa famille y ont vécu. Bref, il est content d’être là et ça se voit. Il interpelle l’une des modératrices sur ses origines africaines et lui dit : « N’ayez aucun complexe. Vous êtes légitime à être ici ». Puis, il répond à la question : « On commence son art par prétention. On écrit parce qu’on se dit que sa singularité peut toucher des gens de façon universelle ». Il ajoute : « J’ai eu envie de devenir écrivain après avoir lu Céline, Voyage au bout de la nuit et Les Anges de l’indépendance, et Romain Gary, La Vie devant soi. Et aussi, pour raconter la colonisation du point de vue de la proie, pas de celui du chasseur ».
Sylvie, qui travaille à la médiathèque, lui demande de lire un extrait. Gauz s’exécute. Au loin, quelqu’un joue Bella Ciao au piano laissé en libre service. Le débat reprend. Les jeunes l’interrogent tour à tour sur ses personnages, son style, sa vie en Côte d’Ivoire… Puis, la professeur de français lui demande des conseils pour écrire et ne pas être confronté au syndrome de la page blanche. Il répond : « Il faut être habité par son histoire avant d’écrire. Et il n’y aura pas de page blanche ».
La rencontre touche à sa fin. Avant de se séparer, Gauz tient à faire passer un message aux jeunes venus l’écouter : « Ce qui fait la différence entre les gens, c’est la culture. Lisez des livres, ne vous arrêtez jamais. C’est le seul moyen de s’en sortir ».