Médias et citoyens : je t’aime mon non plus !
Les sondages le montrent année après année : les Français ont de moins en moins confiance dans les médias. Selon le baromètre Kantar/La Croix publié en janvier dernier, 50% des personnes sondées pensent que les choses se sont passées comme le raconte la radio (une baisse de 6 points en un an), un chiffre qui tombe à 44% pour le journal (- 8 points), 38% pour la télévision (- 10 points) et 25% pour l’Internet (stable par rapport à 2018). Des données paradoxales car, dans le même temps, la télévision reste le premier moyen de s’informer sur l’actualité nationale ou internationale pour 46% des Français. Et 67% d’entre eux suivent les nouvelles avec un grand intérêt : une hausse de 5 points par rapport à 2018.
Pour autant, face à tels chiffres et à des accusations graves – 69% des sondés pensent que les journalistes ne sont pas indépendants des partis politiques et du pouvoir et 62% pensent de même vis-à-vis des pressions de l’argent -, la profession ne peut pas s’exonérer d’une réflexion de fond… suivie d’actions. La nécessité d’un dialogue entre citoyens et journalistes, accusés souvent à juste titre de cultiver l’entre soi, semble une évidence. Comment le rendre possible est un débat à part entière. Il y a quelques années, nous étions quelques uns au sein de l’APCP à prôner la création d’un conseil de presse en France. Présent notamment dans une vingtaine de pays de l’Union européenne, il est en général composé de représentants de la profession, des éditeurs et de la société civile et sert d’intermédiaire entre les médias et le public quand celui-lui juge qu’un journaliste dans son article ou son reportage n’a pas respecté certaines règles déontologiques. Son mérite : réguler les relations entre journalistes et citoyens qui, là où une telle instance a été mise en place, retrouvent le chemin de la confiance dans leurs médias.
A ce jour, nous ne sommes pas parvenus à mettre en place un conseil de presse en France – en raison d’une absence de consensus entre les différents acteurs concernés -, une des rares démocraties à ne pas être dotée d’un outil qui a fait ses preuves ailleurs (notamment au Québec). Et pourtant, il y a urgence, la violence envers des confrères et des consœurs sur les lieux de manifestation des gilets jaunes en est une preuve ultime.