Premier festival
D’abord, il y a eu l’invitation. La première. L’équipe du festival international du roman noir (FIRN), qui a lieu chaque année à Frontignan, près de Sète, m’invite à participer à leur 25e édition. Je suis ravie. D’autant que cette année, le FIRN fait la part belle aux autrices. Nous serons 25 sur 29.
Puis vient le programme. J’apprends que je vais faire un « Bang bang ping pong » avec Laetitia Bourgeois, autrice, entre autres, de Mort noire. Le concept : sur un bateau électrique qui se promène sur un canal durant une heure, chacune va lire quatre extraits du livre de l’autre. On s’appelle pour évoquer les morceaux choisis.
Et puis, c’est le jour J, l’arrivée. Nous sommes le 24 juin. L’équipe est aux petits soins. Je découvre le tote bag et le t-shirt du festival (avec nos noms dessus), les lieux, les stands, notamment celui de Katia (librairie Nomade) qui va vendre mon livre durant le salon. Une passionnée qui, depuis un an, sillonne les villages autour de l’étang de Thau et pose sa librairie itinérante au plus près des habitant.e.s. Une femme géniale, qui nous a chouchoutées. Tout comme sa compagne, Caroline.
Avant de monter sur le petit bateau, je fais la connaissance (en vrai) de Laetitia Bourgeois. Le courant passe plus que bien. On a passé ces deux jours ensemble à parler de tout et d’écriture. D’autant que le moment partagé sur le bateau avec la dizaine de festivalier.e.s fut comme un temps suspendu, entre nos deux textes, nos deux voix, entre ciel, terre et eau, entre ombre et lumière… Un souvenir précieux.
Le soir, c’est le dîner sur la plage. On découvre le muscat local (fort bon) et des moules cuites au feu de bois. On découvre aussi d’autres autrices : des Anglaises (inoubliable A.K. Turner, autrice de Body Language), une Espagnole, une Franco-grecque, des Québécoises, etc. Plus tard, je découvrirai également la danoise Lotte Hammer, qui a écrit 22 polars avec son frère… Un pur régal notre conversation chacune derrière notre pupitre. Bref, c’est aussi riche que drôle, intense qu’inspirant…
Le samedi, je reste à mon stand toute la journée. Je dédicace, j’échange avec des festivalier.e.s, je présente mon Chat qui ne pouvait pas tourner, je bois des coups avec Katia et la truculente journaliste Patricia Tourancheau… Et aussi, je rencontre May qui, dans le cadre de sa compagnie la Bouillonante, propose de faire votre portrait via un texte qu’elle rédige tout en vous observant dix minutes alors que silencieusement vous vous posez devant elle. À la fin de ces dix minutes, quelque chose s’est passée… May me lit son portraimaton. C’est incroyablement fort et émouvant (voir la photo).
Le reste de la journée, j’apprends à mieux connaitre d’autres autrices, notamment la québécoise Isabelle Grégoire, qui a écrit Fille de fer. C’est avec elle, entre autres, que le dimanche matin je participe à une table ronde sur le thème : Un monde d’hommes. À nos côtés, la britannique Laura Sheperd-Robinson. On cause « place des femmes dans le monde du polar », « stéréotypes », « combat pour l’égalité »…, le tout modéré par le journaliste Hubert Artus ! Encore un moment à part…
Le dimanche après-midi, il fait chaud sous les bâches, mais on continue d’échanger, de présenter, de dédicacer. Il fait chaud mais quel bonheur d’être là. Un bonheur furtif puisque, 48 heures après l’arrivée, le temps du départ a sonné. Je quitte Frontignan aussi bien sur les rotules que sur un petit nuage. Dans ma besace, plein de souvenirs, de rires, d’échanges stimulants, de matière à écriture, de moments suspendus… Et l’envie irrépressible de revenir !